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  • Biblioteca Gnostica

     Livres en ligne de V.M. Samael Aun Weor

    La Gnose est un fonctionnalisme très naturel de la conscience,
    une Philosophia Perennis et Universalis.
    Incontestablement,
    la Gnose est la connaissance supérieure des choses.

  • Portada Biblioteca Gnostica 3

    MOURIR

    Il est urgent de désintégrer le Moi,
    de le réduire en poussière, dans le seul but
    qu'existe seulement l'Etre à l'intérieur de nous.

     

  • Eros And Psique

    Naître

    Il est de toute évidence impossible de célébrer
    la Nativité du Coeur si le Christ ne naît pas en nous.

    Celui qui veut célébrer avec jubilation la Nativité du Coeur doit
    fabriquer les Corps existentiels supérieurs de l'Etre.

  • San Pablo

    Se Sacrifier pour l'humanité

    Le Troisième Facteur fondamental de la Révolution de la Conscience
    consiste à se sacrifier pour l'humanité,
    à montrer le chemin aux autres ;
    là est la charité bien comprise, là est l'amour.

  • Cristo Pancrator

46. Le Onzième Travail d’Hercule

Le onzième Travail d’Hercule, le Héros solaire, eut lieu dans le domaine transatlantique, il consistait à s’approprier les Pommes des Hespérides, les nymphes filles d’Hespéris, très vive représentation de la planète Vénus, le luminaire délicieux de l’amour.

Ne connaissant pas le chemin, il a d’abord besoin de s’approprier Nérée qui sait tout, puis, en Afrique, d’affronter dans une lutte corps à corps l’épouvantable géant Antée, fils de Poséidon.

On a également l’habitude de mettre en rapport ce voyage avec la libération de Prométhée-Lucifer, tuant l’aigle qui le tourmente, et avec la substitution temporaire du fameux Atlas, portant le monde sur ses épaules titanesques, pour obtenir son aide.

Finalement, les Pommes d’Or symboliques lui sont délivrées par les Hespérides mêmes, après avoir tué le Dragon qui les gardait.

Évidemment, ce travail est en rapport étroit avec le récit biblique des fruits de l’Arbre de la Science du Bien et du Mal, dans le Jardin édénique, où, sans doute, le Dragon est substitué par un Serpent, qui invite à cueillir et essayer ces fruits merveilleux, qu’Hercule ensuite remet à Athéna, la Déesse de la Sagesse et sa Divine protectrice.

La descente intrépide au vieux Tartare de la onzième planète de notre Système solaire se fit urgente, irremplaçable, inajournable, avant l’ascension au Père (le Premier logos).

Un chemin descendant, abrupt, cassé et inégal me conduisit fatalement jusqu’aux horrifiantes ténèbres de la cité de Dité.

Mon Nérée ou pour mieux dire, mon Guruji, Maître ou Guide, m’enseigna patiemment tous les dangers.

Et je fus certainement dans ces horripilants abîmes de douleur, dans cette planète qui est au-delà de l’orbite de Pluton, où je trouvais Antée, le géant énorme, plus épouvantable même que le démesuré Briarée.

Dante le florentin, dans sa Divine comédie, s’exclame :

Toi qui, dans la vallée où, subjuguant Carthage, Scipion fit de gloire un si grand héritage, sur ce sol bienheureux qui vit fuir Annibal, égorgeas en un jour cent lions et panthères ! Ô toi dont on a dit que si, près de tes frères, ton bras eût soutenu leur combat inégal, la victoire eût été pour le fils de la Terre !

Descends-nous jusqu’au fond de votre noir cratère, en bas, où le Cocyte est glacé dans son cours.

Garde que nous allions à Typhon ou Tithye ! Cet homme peut donner ce qu’ici l’on envie ; prends donc un air plus doux, et viens à son secours. Il peut parler de toi sur la terre mortelle ; car il vit, et trop tôt si le Ciel ne l’appelle, il lui reste des jours nombreux à parcourir.

Ainsi parla mon maître, et sans le faire attendre, le géant étendit ses deux mains pour le prendre, ces mains dont autrefois Hercule eut à souffrir.

Quand Virgile sentit cette robuste étreinte : Que je te prenne aussi, me dit-il ; viens sans crainte.

Comme, par un effet bizarre de mirage, sur la Carisenda, lorsque passe un nuage, la tour semble au regard prête à se renverser : tel me parut Antée alors que de la rive je le vis s’incliner ; mon angoisse fut vive ; je tremblais sur le dos du monstre réprouvé. Mais déjà le géant au fond du sombre abîme où, près de Lucifer, Judas pleure son crime, doucement nous dépose, et, sitôt qu’arrivé, comme un mât de vaisseau, debout s’est relevé (La Divine comédie, L’Enfer, Chant trente-et-unième).

Antée : personnage allégorique magistral, Titan représentatif des Hordes ténébreuses abyssales.

De très cruelles batailles ayant été livrées contre les démons de la cité de Dité, je dus avoir libéré Lucifer-Prométhée.

Je vis s’ouvrir la porte d’acier de l’horripilant cachot ; le gardien lui céda le passage.

Scènes terribles de la demeure obscure, des cas insolites, insuspectés, ceux que les habitants de la Terre ignorent.

Lucifer est le Gardien de la Porte et des clés du Sanctuaire, pour qu’on n’y pénètre pas, sinon les oints qui possèdent le Secret d’Hermès.

Le Christ-Lucifer des Gnostiques est le Dieu de la Sagesse sous différents noms, le dieu de notre planète Terre sans aucune ombre de méchanceté, car il est un avec le Logos platonique.

Prométhée-Lucifer est le Ministre du Logos solaire et le Seigneur des Sept maisons de l’Hadès.

Lucifer est certainement l’Esprit de l’Illumination spirituelle de l’humanité et de la liberté d’élection et métaphysiquement la torche de l’humanité, le Logos dans son aspect supérieur, et l’adversaire dans son aspect inférieur, le Divin et enchaîné Prométhée, l’énergie active et centrifuge de l’Univers ; feu, lumière, vie, lutte, effort, conscience, liberté, indépendance, etc.

À Lucifer sont confiées l’Épée et la Balance de la Justice cosmique, car il est la norme du poids, la mesure et le nombre, etc.

Dans chacun de nous, Lucifer est la réflexion du Logoï intime, ombre du Seigneur projetée dans le fond de notre Être.

À l’instant où j’écris ces feuilles il me vient à la mémoire un cas insolite.

Une nuit, peu importe laquelle, j’eus à rencontrer l’épouvantable personnage dans une belle chambre.

Imposant, Prométhée-Lucifer, soutenu par des pattes de bête, à la place des pieds, me regardait menaçant.

Deux épouvantables cornes brillaient, effrayantes, sur son front sinistre ; mais il était vêtu comme un élégant monsieur.

En m’approchant de lui sereinement, je lui donnais quelques petites tapes sur l’épaule en même temps que je lui dis :

“ Tu ne m’effraies pas, je te connais très bien, tu n’as pas pu me vaincre, je suis victorieux ”.

Le colosse se retira, et m’asseyant dans le doux lit parfumé d’acajou, j’attendis un moment.

Plus tard, pénétra dans l’alcôve une femme dangereusement belle, dénudée ; elle s’allongea dans le lit.

Presque inconsciente de luxure, la belle m’entoura de ses bras impudiques en m’invitant aux plaisirs de la chair.

Allongé près de la belle, je lui démontrais mes pouvoirs sur le Diable ; je me dominais moi-même.

Après, je me levais du lit de plaisirs ; cette beauté presque morte de lubricité, se sentant frustrée, me contempla inutilement.

Puis entra dans la salle un enfant resplendissant ; brillante créature terriblement divine.

L’enfant sublime, richement habillé d’une belle tunique sacerdotale, d’une couleur noire très spéciale, traversa l’exotique enceinte.

Je le reconnus immédiatement et m’approchant de lui, très réservé, je lui dis : “ Il est inutile que tu continues à te déguiser ; je te reconnais toujours ; ô Lucifer ! Tu ne pourras jamais me vaincre ”.

Cette créature sublime, terreur des ignorants, sourit alors avec une douceur infinie.

Incontestablement, il est le divin Daemon de Socrate ; notre entraîneur spécial dans le gymnase psychologique de la vie.

Juste dans sa liberté après son dur travail, le Logos le prend, l’absorbe.

Ce récit arrêté ici, continuons avec le thème transcendant de ce chapitre.

Ma nouvelle prêtresse dans la Montagne de l’Ascension fut certainement extraordinaire.

Évidemment mon progrès intime s’accéléra et, en conséquence, j’obtins de m’approprier les Pommes d’Or dans le Jardin des Hespérides.

Les nymphes vénustes exquisement délicieuses tombèrent à mes pieds, elles ne purent me vaincre.

Les travaux magiques dans cet Averne ayant été conclus, je montais victorieux au Père.

Il est évident que cet événement mystique transcendant ne pouvait en aucune façon passer inaperçu.

Cet événement cosmique fut donc célébré avec une joie infinie dans le Sancta.

Sur un trône splendide, assis devant l’auguste confrérie, je me sentis complètement transformé.

En ces moments indicibles, l’Ancien des Jours, mon Père qui est en secret, la Bonté des Bontés, l’Occulte de l’Occulte, la Miséricorde des Miséricordes, le Kether de la kabbale hébraïque, resplendit en moi. Il cristallisa définitivement dans toute la présence de mon Être.

En de tels instants, les frères de la Fraternité blanche universelle me contemplèrent avec une infinie vénération ; mon visage assuma l’aspect de l’ancienneté.

Indubitablement, j’avais réussi à cristalliser dans les diverses parties de mon Être, les Trois forces primaires de l’Univers.

47. Le Douzième Travail d’Hercule

Le douzième Travail d’Hercule, le Héros solaire, fut certainement imposé par son frère, c’est-à-dire, par son resplendissant Prototype divin dans le Soleil sacré absolu.

Indubitablement ce travail consista à tirer hors de son domaine plutonien le chien tricéphale qui le gardait.

Étant entré dans la demeure souterraine des morts, il essaie d’abord d’amadouer Aïdonée lui-même, qui lui permet d’emporter le chien à condition qu’il réussisse à s’en emparer sans armes, ce qu’il fait en le prenant d’abord par sa queue de dragon, puis par le cou jusqu’à presque l’étrangler.

Hermès le guide sur le chemin du retour, et après que Cerbère a été montré à Mycènes, il le laisse libre pour qu’il retourne à sa résidence.

Incontestablement, notre resplendissant Système d’Ors a douze planètes et ceci vient nous rappeler les douze sauveurs.

Il résulte manifeste et évident que le travail final d’Hercule doit toujours se réaliser dans la douzième planète de la famille solaire.

Également, seulement avec le Scorpion, dont la constellation est la plus appropriée pour le figurer, pouvons-nous et devons-nous mettre en rapport la dernière de ses tâches zodiacales, consistant à faire sortir le chien tricéphale du monde souterrain jaloux, du règne des ombres où la vérité se déguise en ténèbres.

Naturellement, on peut seulement accomplir cette tâche avec le consentement d’Hadès lui-même ou de Pluton, et avec l’aide d’Hermès et de Minerve à la fois (Yoga du Sexe et Sagesse).

Avec une infinie vénération, je passais le seuil du Temple ; j’aspirais à la libération finale.

Dans le patio emmuré des Prêtres resplendirent glorieusement les eaux spermatiques de la piscine sacrée.

Le lac initiatique de la représentation des Mystères antiques, scène éternelle de tout temple, ne pouvait manquer là.

Ce que dans ce Sancta lémurien je demandais alors, me fut incontestablement concédé.

Mon travail commença avec la descente au Tartare de cette planète douze de notre Système solaire.

Trois femmes délicieuses, dangereusement belles, m’appelèrent en vain de leurs enchantements irrésistibles.

Les diablesses provocantes luttèrent jusqu’à l’impossible, elles voulurent me faire tomber, mais je sus me dominer.

Le signe zodiacal du Scorpion déchaîna dans mes organes créateurs toutes ses ardeurs passionnelles, mais je gagnais toutes les batailles contre moi-même.

Le Chien Guide (l’instinct sexuel) conduit toujours le chevalier sur le chemin étroit qui va des ténèbres à la lumière, de la mort à l’immortalité.

Le chien tire la laisse de son maître, l’emportant sur le chemin escarpé jusqu’au but ; plus tard, le chien doit se reposer ; alors vient la grande renonciation.

En harmonieuse concordance rythmique avec cet événement cosmicosexuel, vient, inéluctable, le suprême renoncement à toutes les choses matérielles, et l’élimination radicale du désir d’exister.

L’idée transcendantale du Souffle des Ténèbres se mouvant sur les eaux dormantes de la vie, qui est la Matière primordiale avec l’esprit latent en elle, nous invite à la réflexion.

Dans toutes les cosmogonies, l’eau (l’Ens-Seminis), remplit le même rôle important, elle est la base et l’origine de l’existence matérielle et le fondement de toute authentique Auto-Réalisation Intime.

Cependant, il est urgent, irremplaçable, inajournable, de ne jamais ignorer que dans l’abîme primitif, dans le fond des eaux, demeurent de très nombreuses bêtes dangereuses.

Si les divins Titans du vieux continent Mu, ces anges tombés dans la Génération animale, n’avaient pas oublié cette terrible vérité ; s’ils étaient restés alertes et vigilants comme la sentinelle en temps de guerre, ils se trouveraient encore dans un état paradisiaque.

Prendre totalement possession du chien tricéphale sans aucune arme, signifie de fait un contrôle absolu sur le Sexe.

Quand je me rendis maître de ce chien, je montais victorieux du fond du noir et horrible précipice.

Alors s’incarna en moi l’Être de mon Être : ce qui est au-delà de Brahma, Vishnu, Shiva. Ce divin Prototype solaire absolu.

Quand ce fait mystique arriva, j’entrais heureux dans un petit Sanctuaire du Soleil sacré absolu.

Depuis cet instant extraordinaire, je pus m’alimenter des fruits de l’Arbre de Vie au-delà du bien et du mal.

J’étais retourné au point de départ originel, incontestablement, j’étais retourné à ma Demeure.

Chacun de nous a, dans cette sphère rayonnante de lumière et de joie son Prototype divin.

Les Individus sacrés qui habitent le Soleil central, se préparent à entrer dans l’Espace abstrait absolu ; ceci arrive toujours à la fin du Mahamanvantara (le Jour cosmique).

Chaque Univers de l’Espace infini possède son propre Soleil central et la somme totale de tels Soleils spirituels constitue le Protocosme.

L’émanation de notre Omnimiséricordieux et sacré Absolu solaire est cela que H.P.B. appelle le Grand Souffle, de lui-même profondément inconnu.

Évidemment, ce principe actif omniprésent, bien qu’il participe à la création des mondes, ne se confond pas avec eux ; il reste indépendant, omniprésent et Omnipénétrant.

Il est facile de comprendre que l’émanation de l’Absolu solaire se dédouble dans les Trois forces primaires, Brahma, Vishnu, Shiva, avec le propos évident de créer et de recommencer à créer.

Quand se termine une quelconque manifestation cosmique, les trois forces originelles s’intègrent pour se mélanger ou fusionner avec le souffle incessant, de lui-même profondément inconnu.

Ce qui arrive dans le Macrocosmique se répète dans le Microcosme-Homme ; tel fut mon cas particulier.

Ce fut ainsi que je pus retourner au sein du sacré Absolu solaire ; cependant, je continuais avec le corps physique Lémur, en vivant durant des millions d’années. Je me convertis en une pierre de plus de la Muraille gardienne.

Cette Muraille est formée par les Maîtres de Compassion, ceux qui renoncèrent à toute félicité par amour pour l’humanité.

Paix Invérentielle.

6. Le Corsaire

Pour certaines personnes excessivement superficielles, la théorie de la réincarnation est un sujet de moquerie ; pour d’autres très religieuses, elle peut signifier un tabou ou un péché ; pour les pseudo-occultistes, c’est une croyance très solide ; pour les fripons de l’intellect, c’est une utopie insensée ; mais pour les hommes qui se souviennent de leurs existences passées, la réincarnation est un fait.

Au nom de la vérité, je dois affirmer solennellement que je suis né en me rappelant toutes mes réincarnations passées et jurer ceci n’est pas un délit. Je suis un homme à la Conscience éveillée.

Il est clair que nous devons faire une nette différence entre Réincarnation et Retour (deux lois très distinctes), mais ceci n’est pas le sujet du présent chapitre. Après le préambule, allons au fait, droit au but.

Autrefois, quand les mers étaient infestées de vaisseaux pirates, je dus passer par une terrible amertume.

Alors, le Bodhisattva de l’ange Diabulo Cartobu était réincarné.

Il n’est pas inutile d’affirmer avec une certaine insistance que cet être possédait un corps féminin d’une splendide beauté. Il est évident que j’étais son père.

Malheureusement et à une heure infortunée, la cruelle piraterie qui ne respectait ni la vie ni l’honneur, après avoir dévasté le village européen où beaucoup de citoyens vivaient en paix, séquestra les belles jeunes filles de l’endroit, dont ma fille faisait évidemment partie, innocente donzelle des temps passés.

Malgré la terreur de tant de rustres, je parvins vaillamment, au péril de ma propre vie, à affronter le fourbe capitaine du vaisseau pirate.

Sortez ma fille de cet enfer où vous l’avez mise, et je vous promets que je sortirai votre âme de l’enfer où elle est déjà plongée ! Telles furent mes douloureuses exclamations.

Le terrible corsaire, en me regardant fièrement, s’apitoya sur mon insignifiante personne et, d’une voix impérieuse, m’ordonna d’attendre un moment.

Je vis avec une angoisse infinie le flibustier allant vers son bateau noir ; je comprends que je sus astucieusement tromper ces impitoyables loups des mers ; ce qui est sûr, c’est que, quelques instants après, il me rendit ma fille.

Par Dieu et Sainte-Marie ! Qui aurait pensé qu’après tant de siècles, j’allais rencontrer de nouveau l’Ego de ce terrible corsaire, réincorporé dans un nouvel organisme humain.

Ainsi est la Loi de l’Éternel retour de tous les êtres et de toutes les choses ; et tout se répète en accord avec une autre loi appelée Récurrence.

Une nuit de grandes inquiétudes spirituelles, je le trouvais joyeux dans un groupe d’aspirants rosicruciens.

Ce vieux corsaire parlait également la langue anglaise, car il avait été marin dans une entreprise maritime nord-américaine.

Cette amitié fut cependant un feu follet, un feu de paille, car je pus vérifier très vite que cet homme, malgré ses ardents désirs mystiques, continuait dans son fond intérieur le plus intime à être l’ancien corsaire vêtu d’habits modernes.

Cet homme en question me racontait avec grand enthousiasme ses expériences astrales, car il est incontestable qu’il savait se dédoubler à volonté.

Un certain jour parmi tant d’autres, nous convînmes d’un rendez-vous métaphysique transcendant dans le S.S.S. de Berlin, en Allemagne.

Ce fut pour moi une expérience relativement nouvelle, car jusqu’alors, il ne m’était pas encore arrivé de réaliser l’expérience de projection volontaire, de l’Eidolon, mais je savais que je pouvais le faire ; et c’est pourquoi j’osais accepter ce rendez-vous.

Je me souviens avec une totale clarté de ces moments solennels où je me transformais en espion de mon propre sommeil.

J’attendais en affût mystique l’instant de transition entre veille et sommeil ; je voulais profiter de ce moment merveilleux pour m’échapper de mon corps physique.

L’état de lassitude et les premières images ensommeillées furent suffisants pour comprendre parfaitement que le moment ardemment désiré était arrivé.

Je me levais du lit délicatement et, en marchant très calmement, je sortis de la chambre, possédé par une certaine volupté spirituelle exquise, délicieuse.

Il est incontestable qu’en me levant du lit au moment où j’allais m’endormir, le dédoublement astral, la séparation très naturelle de l’Eidolon, se produisit.

Avec l’éclat très particulier du corps astral, je m’éloignais des alentours, avec le désir d’arriver au Temple de Berlin.

Évidemment, je fis un délicieux voyage sur les eaux agitées de l’océan Atlantique.

En flottant sereinement dans la rayonnante atmosphère astrale de ce monde, j’atteignis les terres de la vieille Europe et je me dirigeais immédiatement vers la capitale de la France.

Je marchais silencieusement comme un fantôme dans toutes ces vieilles rues qui avaient autrefois servi de scène à la Révolution française.

Soudain, quelque chose d’insolite se produisit ; une onde télépathique avait atteint mon plexus solaire et je ressentis l’ordre impératif d’entrer dans une précieuse demeure.

Jamais en aucune façon, je ne regretterai d’avoir traversé le seuil d’une si noble demeure, car j’y trouvais un ami de mes incarnations passées.

L’ami en question flottait, plongé dans l’ambiance fluidique astrale, en dehors de son corps dense qui gisait endormi dans son lit parfumé d’acajou.

Le corps physique de sa ravissante bien-aimée dormait également dans le lit nuptial ; l’âme sidérale de cette dernière, loin de son réceptacle mortel, partageait la joie mirifique de son époux et flottait.

Et je vis deux tendres enfants d’une grande beauté, jouant avec bonheur dans le charme magique de cette demeure.

Je saluais mon ancien ami et son Ève ineffable, mais les enfants furent effrayés par ma présence inhabituelle.

Il me sembla préférable de sortir dans les rues de Paris et mon ami ne repoussa pas cette idée, tout en bavardant, nous nous éloignâmes ensemble de la maison des délices.

Nous cheminâmes tout doucement, tout doucement, dans toutes ces rues et avenues qui partent du centre vers la périphérie.

Aux alentours de cette grande ville, je lui proposais, à bâtons rompus, comme l’on dit par ici, de rendre visite ensemble au Temple ésotérique de Berlin ; l’Initié déclina très aimablement l’invitation en objectant qu’il avait une femme et des enfants et qu’il voulait concentrer son attention sur les problèmes économiques de la vie uniquement.

À grand regret, je m’éloignais de cet homme éveillé, et je me lamentais de le voir faire passer au second plan son travail ésotérique.

En me suspendant à la lumière astrale des merveilles et prodiges, je passais par-dessus de très anciennes et vétustes murailles.

Heureux voyage, tout au long du chemin tortueux qui, en serpentant, se déroulait ici, là et là-bas.

Enivré d’extase, j’arrivais au Temple aux murs transparents, l’entrée du Lieu saint était certainement très singulière.

Je vis une sorte de parc dominical tout plein de plantes superbes et de fleurs exquises qui exhalaient un souffle de mort.

Dans le fond extraordinaire de ce jardin enchanteur resplendissait le Temple solennel des splendeurs.

Les portes en grilles de fer qui donnaient accès au précieux parc du Sanctuaire s’ouvraient parfois pour laisser entrer quelqu’un et parfois se fermaient.

Tout cet ensemble précieux et merveilleux se trouvait illuminé par la lumière immaculée de l’Esprit universel de vie.

Devant le Sancta Sanctorum je trouvais, heureux, beaucoup de nobles aspirants de nationalités, peuples et langues divers.

Des âmes mystiques qui, pendant les heures où le corps physique est endormi, mues par la force du désir, s’étaient échappées de la forme dense et mortelle pour venir jusqu’au Sancta.

Tous ces dévots sublimes parlaient de sujets ineffables ; ils parlaient de la Loi du Karma, discouraient sur des évènements cosmiques extraordinaires. Il émanait d’eux-mêmes le parfum de l’amitié et l’arôme de la sincérité.

Dans cet état de bien-être, je marchais ici et là, à la recherche de l’audacieux flibustier qui m’avait donné ce tragique rendez-vous.

Je fis irruption dans de nombreux groupes en demandant le personnage en question, mais personne ne put me donner la moindre réponse.

Je compris alors que cet ancien pirate n’avait pas accompli la parole engagée. J’en ignorais les motifs et me sentis frustré.

Je résolus de m’approcher en silence de la glorieuse porte du Temple de la Sagesse ; je voulus pénétrer à l’intérieur du Lieu saint, mais le Gardien me ferma la porte en disant : “ Ce n’est pas encore l’heure, va-t’en ! ”.

Serein et compréhensif, je m’assis joyeusement sur la pierre symbolique, très proche du portail du mystère.

En ces moments de plénitude, je m’auto-observais en totalité ; je ne suis certainement pas un sujet au psychisme subjectif ; je suis né avec la Conscience éveillée et j’ai accès à la Connaissance objective.

Comme le corps astral me semblait beau ! (Résultat de très anciennes et splendides transmutations de la libido).

Je me souvins de mon corps physique qui dormait en ce moment tout au loin dans un village d’Amérique.

Tout en m’auto-observant, je commis l’erreur de confronter les véhicules astral et physique ; le résultat d’une telle comparaison fut que l’extase disparut et que je retournais instantanément à l’intérieur de ma dense enveloppe matérielle.

Quelques instants après, je me levais du lit ; j’avais réussi un merveilleux dédoublement astral.

Quand je demandais sévèrement au vieux flibustier pour quelle raison il n’avait pas été capable de respecter sa parole, il ne put pas me donner de réponse satisfaisante.

Trente-cinq années s’étaient écoulées depuis l’époque où le vieux loup de mer et moi avions convenu d’un si mystérieux rendez-vous.

Au-delà du temps et de la distance, cet étrange personnage n’était plus qu’un souvenir écrit dans les pages poussiéreuses de mes vieilles chroniques.

Mais je confesse sans ambages qu’après tant d’années, il m’arriva d’être surpris par quelque chose d’insolite.

Une nuit de printemps, alors que je me trouvais absent de la dense forme périssable je vis le Seigneur Shiva (l’Esprit-Saint), ma Monade sacrée surindividuelle, avec l’aspect ineffable de l’Ancien des Jours.

Le Seigneur admonestait avec une grande sévérité le vieux corsaire des mers ; il est incontestable que le corps physique de ce dernier, à cette heure de la nuit, était en train de dormir dans son lit.

Je voulus impatiemment intervenir comme le troisième larron. Le Vieux des Siècles m’ordonna de façon catégorique le calme et le silence.

Autrefois, ce pirate m’avait rendu ma fille en la tirant de l’enfer où lui-même l’avait plongée.

Maintenant, mon Être Réel, Samaël, se démenait pour le libérer, l’affranchir, pour le sortir des mondes infernaux.